Le moi triste parle aux moi heureux
cet espace opti-pessimiste
est un dialogue curieux.
Yeux café
dans yeux glacés
le démon soûle l'ange
et sous les cieux déchirés:
tout alibi m'arrange.
Le dealer et sa petite fleur.
Pour gagner sa vie, le dealer la risque tous les soirs. Elle, sa petite fleur, essuie ses gouttes de mascara
sur un mouchoir. L'haleine autour d'eux est faite de bière, de spiritueux..des orbites blanches et rouges qui sortent de partouzes.
C'est ça, Pigalle, à quatre heures du matin. Le dealer et sa petite soeur traînent leurs lourdes jambes jusqu'au Noctambule
une vieille aux paroles qui pleurent fait de Paris, avec sa salive, une bulle. « Ce monde est mort ! Paris
est morte ! » Puis en dentelles froissées, ses 80 ans se mettent à danser, et la musique dope la mémé.
La force de la farce.
Les cervelles mal irriguées ne cessent de se multiplier.
Des excuses grammaticales aux
victimes des frappes chirurgicales.
Pompier pyromane, l'OTAN.
Mariolle dangereux, le Bill.
Et les enfants réfugiés kossovars,
Dessinent leurs cauchemars.
Pigalles.
J'ai bu laidement,
À l'inconstance de nos sentiments.
Il faudrait faire couler de la cire chauffée
Dans mes oreilles éveillées
Arracher mes yeux de miel
Avec du vieux verre cassé.
Coudre mes lèvres allumées
Avec du fil en acier.
Il faudrait me trancher les mains agitées
Avec un vieux sabre rouillé,
Me briser la nuque pliée
Avec du béton armé.
Me trancher le coeur
Avec des ciseaux cinglés
Pour que mon âme se taise !
Car en moi ton émeute
Le sommeil à tué.
Ne plus avoir peur
de ne pas être comprise,
d'aimer le silence
Que souvent je méprise.
II
Dans mes ruelles Latines je veux t'orienter
Pour qu'un jour tu puisses trouver la nuit.
Comme le coeur d'un gitan qui saigne,
Car il nest pas bon à marier
Le mien est pareil,
Il a peur d'être caressé.
Ta laisse est la tienne
Comme ma chaîne la mienne,
Une chaîne de chienne,
Au poteau attachée.
Ton sanglot monocorde peut
Guider ou étrangler
Ma peur de la mer..
Ton amour pour l'amer.
III
Je veux poser mes voiles
Sur une eau translucide et salée.
La peur la plus grande
Est bien celle de chavirer !
La mer sur laquelle tu veux me faire voler
Mes ailes comme des lames pour le ciel
trancher,
Je la déguste déjà, avidement.
Quand est-ce-que le jour du départ
Deviendra celui de l'arrivée ?
Quand le soleil n'aura t'il qu'une aube,
à cacher ?
Que l'on remplisse nos verres d'envies
veritables
Comme un vieux vin délectable..
Dans le noir profond,
Ta lanterne me dirige.
Artifice.
Aimes l'autre comme un marin avant départ,
Tel qu'un chasseur qui doit dénicher la part
attaches-toi comme un poisson hors de l'eau
Livres-toi à la queue d'un rouge scorpion..
Aimes en interrogeant un brin de passé
mais pas trop,ne mélange pas viande et poisson.
Dégustes l'autre avec des ailes d'oiseau
Ouvres-toi en laissant portes et fenêtres ouvertes
Comme un peintre en absence de couleurs.
Ainsi que notes tordues qui quittent la partition :
Comme la plus improbable des solutions !
Goûte à cette désespérance décousue,
aux ronds-points de rochers qui griffent les mains
Les moments de perplexité, d'éspoirs, de clous,
Ecoutes les fous qui te parlent de demain
Crie ta chanson contre le vent
ne reconnaîs jamais les dents du temps
Sois doux le soir,
Essayes parfois dy croire.
BARBES MA LAISSE.
(..ou le foie d'oie..)
A quoi bon se lancer vers des nouvelles histoires quand
l'on en as encore tellement de vieilles, à nos trousses.. Personnellement j'en oublie parfois d'en manger, d'en dormir,
de me soigner : car le futur appartient au cycle infernal du passé. Des fils du temps qui flottent dans le souffle froid
du vent. Des fractions d'images qui deviennent soupirs aux coins de rues pleines de naufragés.. Le vieux zarabe assis sur
une chaise de paille et de bois baille, en m'offrant un sourire du bout de ses doigts.
Ses rides me rassurent, il na que quatre dents. En fredonnant,
en tremblotant, je mélange mes pas à ceux des passants. Des mémés qui fouillent pour trouver une affaire, des enfants qui
crient attachés à leur mère. Tout iras bien, me dit le moment, je fais encore partie des gens..Je tisse ce moment enveloppé
par les odeurs des tubes d'échappement et de saveur de mafé. J'observe un arc-en-ciel de femmes africaines discuter. Je les
respecte vigoureusement, ces femmes qui portent leurs légumes avec sourires blancs sur dents.
Mes aubes sont crépuscules, la nuit viole ma journée,
les feuilles blanches couvrent l'encre mes pensées. Vide flippant et absolu, spirale équilibrée. Jaimerais arrêter un passant,
lui offrir un café, pour l'écouter. Mais tout ce peuple est pressé, parti vers un chemin que sa montre a tracé. Errer, errez !
C'est alors que le monde commence vraiment à tourner : que ce soit en avion ou à pieds. Laissez vos ailes et vos pas
vous guider !
La fin du savoir nous guette, sur les écrans et sur
papier. Il faut s'opposer à la saturation, à l'ennui. Car le premier de la classe l'est maintenant de la crasse, avec toute
sa matière grise si grasse..Grasse comme l'est un coeur lardé, plein de foie gras d'oie gavée.
On pourrait facilement s' apercevoir que la lenteur
complète et contemple la vitesse, quelle endort la douleur.
Un homme m'arrête et me dit quil est né dans un taxi,
ici, à Paris. Je lui parle d'une voisine qui ce matin a tué son canari, il sourit. C'est marrant, dêtre maniaco-dépressive
et optimiste à la fois..ça permet d'ensoleiller les dégâts.
L'homme s'en va, ce marchand de fables est aimable..je
calcule le rapport en chiffres entre les transactions financières et le taux de suicides parmi les sans emploi. Puis je bascule
dans mes baskets, il fait froid. Le nouveau pouvoir se pomponne au miroir, des visages saupoudrés de farine codée. Je revendique
le retour du désordre : je l'implore. Je réclame le retour à l'envoyeur ! Car nul ne saurait substituer l'encombrement
dans mon grenier.. La porte de l'église est fermée, ma valise est déchirée et mon foulard de soie bleue bien attaché. Je ne
veux plus vivre ma vie par procuration. Je veux un quotidien effervescent, doux et troublant ! Que mon âme puisse transpirer
d'idées, de dôutes, en apnée. Pleine de fibres rares quand il fait tard, de ponts à grimper et de portes à ouvrir. De coïncidences
à nourrir. Plus de décalages établis, mais un verre de Chablis !
Car mon coeur nest pas à vendre et mon âme encore moins,
et que l'heure de mes gestes glisse de la paume de mes mains. Comme tout animal humain jai envie de migrer, loin. De façon
baroque et provisoire, de ramasser les morceaux et les poser dans mon fardeau.
Que vive le grand état d'aversion envers les pseudo
nations : continuons.
LE
POUVOIR DE LA MALADIE MENTALE.
Ma schizophrénie est une lame de couteau, un carrousel
de voix mixtes, un ombre imparfaite et exquise : un musicien rigolo. Mes dents heurtent le béton, et je rigole sans
raison, un oiseau me regarde vexé, j'ai sans doute l'air d'une tarée . Cette culpabilité insensée, la recherche d'un signe
mal placé. C'est peu comme en hiver, quand l'on toussait par solidarité avec un pépé enrhumé !
Il faut aromatiser, tout colorier..ou la schizophrénie
devient musée ! Il faut plutôt la guider vers la recherche de ce qui est à venir, quand l'on nas plus rien à dire.
Car on ne parle pas assez du SIDA cérébral, celui qui
bastonne les cervelles dans plusieurs capitales. Le virus qui a depuis longtemps rongé les mécanisme de défense de l'idée,
qui a anéanti la sauvegarde des visions ! Ce microbe spirituel qui mine l'espoir de paix pour ce globe..car il ny a plus
de sursis. Des menottes de censure, de bavure en bavure, toujours contre nature.
Et abasourdis on nourrit les bébés avec des petits pots
aux pesticides, on mange des gènes de poisson dans nos fraises, des gènes de scorpion dans nos tomates..Et bientôt :
attention ! Génotypes aux génocides, chromosomes qui sprayent d'acide la couche dozone..quel beau fardeau l'hérédité !
D'un coup on en oublie la Genèse, car le microbe nous a tous défoncés..petits spectateurs assis, navrés : abrutis comme
des cons en face d'une télé.
Le mantra se fait matraque, les quatre Nobles vérités
fondent avec du destop dans l'évier, et le khalife est bourrée, dans un troquet..
Le SIDA cérébral n'aurait t'il pas encore été nommé ?
Non, car il ny aurait pas assez de places dans les hôpitaux pour pouvoir tous nous interner. Et l'impuissance qui hurle de
douleur dans ma poitrine est la seule chose qui me rassure, je ne fais pas encore partie de leur bavure. Libre hérétique qu'aucune
chaîne ne saurait arrêter, je déclare la maladie mentale comme la seule forme de santé !
Car le manque d immunité verbale n'est pas pris en charge
par la sécu, mais qu'il creuse une arène ou l'on est tous saugrenus..L'inconscient collectif est le fil conducteur de cette
maladie sans acteurs. Le monde se donne à vivre et à voir, mais combien d'hommes parviennent à y croire ? L'harmonie
repose alors sur la tension de la contradiction..du refus, du rejet sans aucun regret. Faisons de nos faiblesses des forces,
basées sur l'humilité. Comme des lilliputiens dérangés, la schizophrénie nous pousse à nous rassembler, sans jamais se ressembler..Le
coeur est une kora africaine, et non un chien que l'on traîne !
Il nous appartient dans la maladie,le coeur,car il se
fortifie.
Il essaye de nous renvoyer vers la raison.
La métaphore est ma seule maison.
Peur de respirer ne fus q'un grain de santé, par peur
d'espérer, de souhaiter la fin du besoin de blesser.
Et l'on se meurt avant même d'exister. C'est bien trop
pratique d'invoquer des paroles que l'on n'ose pas prononcer!
Ne plus avoir le temps d'offrir ne fus q'une fleur,
un sourire..Car l'on est trop occupés à ne pas dormir..
Je vous connaît, je connais vos méfaits, vos tristes
dérives..Le somnifère est votre désert, et l'on se voit obligés d'anesthésier ce que l'on pourrait q'hurler aux loups,
au fond de nous..
C'est comme la femme qui défroisse sa robe et coiffe
sa chevelure après les caresses d'un homme trop pressé.
C'est comme interdire au pépé de bien boire, fumer et
manger.
La fièvre qui coule dans mes veines est incandescente,
ardente.
Rien ne saurait glacer une partie de moi qui est morte
givrée, que rien ne saurait ressusciter. Mal veillante ou mal informée, je soussignée décide d'exister! Le poumon après l'apnée,
le faucon qui vole droit et vite , un soir de fin été.
Car je m'en bats de la confortable majorité, qu'elle
ferme sa gueule, qu'elle reste bien rangée. Montrez-moi plutôt les galeries souterraines et les passages cachés, qui mènent
à ceux qui s'accrochent encore à l'idée. Les peux qui lutteront dégoûtés pour venger les meurtres des illuminés, l'execution
de pauvres hommes tarés.
De faire valoir un vaincu autant q'un vainqueur, de
soulager l'oubli et la douleur.
L'on se berce en silence, à l'ombre des volets de cette
nuit blanche, intense.
Les étoiles et le poteau illuminent les reflêts de la
lisse peau, on parvient à ne plus penser. L'on parvient à coudre des mots, le temps, l'immobile, le latent..
Les yeux qui cherchent le vent, un silence si important.
Non, je ne dors pas encore. Ce n'est pas la faute de l'orage mais la tienne, qui dirige ta rage aussi bien que la mienne.
Trouver le courage d'oublier cet ément, s'éteindre lentement.
La pluie tombe lourde sur nos âmes, les gouttes que
l'on goûte sur nos lèvres mouillées, l'envie d'un baiser braisier.
Les Morfils d'une Morphée morflée.
Je dors nue entre les draps, la soie qui glisse entre
mes bras ; il n'est pas là.
Je n'ai qu'à fermer les yeux et croire à nos jeunes
races révoltées, nos fantômes bio qui se suspendent entre un terrain vague et cimetière coloré.
"Lhomme qui ne croit pas ne fera jamais preuve d'artiste."
Qui va me sauver du trou noir qui épèle mon prénom sans
interruption ? Ma violence lente, la rage dedans, une vocation démente, celle des vivants.
L'intransigeance ombrageuse, le tempérament distant.
Si l'on pouvait appliquer l'âme d'un homme sur son visage,
le talent y serait rare !
Et quand l'on trouve ce rare talent il faut apprendre
à l'aimer en silence, trouver la force d'y songer sans jamais lui avouer.
Ah, cette muse rusée, qui creuse au fond de vos pensées !
J'aime le silence des morts aussi bien que celui des
vivants. L'éloquence de ma douce démence : nul ne saurait l'apprivoiser ! Parfois jen viens même à me demander si
un jour quelqu'un aura la force de l'accompagner.
J'aimerai couvrir mes poèmes de vieux draps tachés,
comme une sculpture que l'on n'a pas terminé.
Sculpter le sens des paroles, ausculter la vérité.
L'erreur est bien la plus redoutable des ennemies, celle
qui fausse, bien plus profondément que sa soeur violence. Briser les moules. Surtout ne me trompes pas, ne te trompes pas.
L'erreur est comme une domestique que l'on doit renvoyer !
Jai toujours été en avance ou en retard, je cherche
désormais à être ponctuelle : écrire, vivre, ne pas mourir.
Prier d'une urgence épouvantable. Penser à tout, à rien
du tout. Divertir l'inconverti, qui lui, se moque avec un coin de mépris.
La voix rechute, conclût le drame. Le violon fait trembler
ses notes dorées, comme mes yeux, ma dote allumée.
Que Diable ! Un peu de courage ; complétons
le tableau. Ecrire hors repas, hors repères, fatigués de ces proches qui sont souvent moches, fourrés de fausses promesses,
reniés par les déesses.
La dignité me donne des ailes. Je lis les mots sans
songer au commentaire, besoin d'assimiler et de me taire.
La flamme radieuse des jours a venir, le long souffle
d'un accordéon. Il fait bon.
Etre fier de cette vieille Terre très malade, de ses
paroles, de ses couleurs, de sa musique.
Le silence ne demande ni hombre ni poison. Courage
et dents serrées, ce carrousel continue à tourner.
Le visage d'un enfant aveugle duquel personne ne pourrait
cerner la délicate volupté.
Démons de Courage, de volonté, que l'huissier a du mal
à tracer. Caricatures de petits pantins malins : Sculpter la Vie et non la Mort ! Pour que rien ne s'endorme, créer
le nouveau dogme.
S'enivrer d'une douleur pré fabriqué car l'on ne pourrais
jamais partager l'être que lon a tant aimé. Le combat est figé.
Couleurs.
Si tu veux mélanger nos couleurs
Berce un peu nous douleurs..
Comprends bien que mon âme
Est aussi noire que ma peau
Si mon père hésite à trop me faire voyager,
Cest qu'il sait quil ny a que les hommes
de son âge,
Qui puissent me capter.
Personne ne pourrait de moi-même me protéger.
Vite ! Il ne faut plus tarder, le
temps est limité
Par les dents de ces rares amitiés.
Joignons nos mains pour prier q'un fou
pasteur
Puisse enfin nous trouver, nous montrer
le chemin ondulé.
Il faut traîner ses souvenirs,
comme des vieilles taches de café
Pour pouvoir se retrouver
Dans le parcours de nos pensées.
Je serais à toi le jour ou tu décideras
d'être le Roi,
De cette folle reine qui habite en moi.
Je t'aime comme le parfum du printemps
qui revient,
Comme la terre qui vient d'être mouillée,
Je serai le bandage quand ta peau sera
blessée,
Je t'aime pour de vrais,
Maintenant tu le sais.
The nest of my mess.
Je
suis une enfant gâtée
Qui n'a plus de jouets à casser.
Je te pense, et je te vois si bien.
Ton sourire un peu plié,
Tes yeux qui s'interrogent.
Je vole dans un vent qui est très différent
En défiant les vents polaires
Avec mon petit bâton de sorcière
J'essaye de me plonger dans l'absurde
Profondeur du temps,
En sèment cicatrices et diamants.
J'oublie mes fausses faiblesses
En te sachant vivant.
L'espace dans lequel je flotte
Est parfois violent et sauvage,
Je cherche alors l'ombre de ton visage
Pour adoucir ce tordu présage.
Je n'avais plus la force d'avaler mes médicaments.
Ces pilules ridicules que je refuse d'assimiler.
Ma tête a repris à se lancer des défis
inouïs !
Je me suis réveillée d'un sommeil froissé
Et ces pauvres draps trempés : je
les ai brûlés !
Mes yeux sont secs et ne supportent guère
La limite de ceux qui imitent.
Une mer de sensibilité sous un ciel peu
stable
Comme un clown je bascule
En cette ignoble petite foule.
Ma fortune ?
C'est la Lune sous laquelle je veux me
reposer,
Bronzer lentement sous ses rayons argentés.
Mes excès de dispersion encouragent la
dissolution,
Jai trop peur de faire face à la solution !
Quand je réussis à décrire les images démentes
Qui habitent ma pauvre tête,
Je sais que je ne pourrai jamais être classée,
Dans leurs classeurs préfabriqués !
Rond point.
Et
je marche seule au milieu du rond point.
Les clacksons qui hurlent, mon indifférence
qui brûle.
J'entends les freins siffler : ils
ont trop peur de me renverser !
Chaque roue m'évite par miracle, c'est
tout une question de tact.
Cette folle cosmique privée de dogmes véridiques.
Sur l'asphalte chaud et noir je tourne
en rond : non, je ne sauterais pas du pont.
Les archives de ma mémoire ont été cambriolés, ravalons
ce que je n'ai pas pu avaler.
Ce que vous navez pas encore compris, cher Ami, c'est
que ma peur quotidienne est réservée aux immortels.
Ils sont mon ombre et me portent, quand je suis trop
fatiguée.
Ils tiennent mes coudes dans les creux de leurs mains,
et chantonnent leurs refrains.
Quand je suis seule avec ma lampe, ils me poursuivent
en rigolant.
Je les sens arriver, Urbi et Orbi, et pourtant je ne
suis plus troublée.
J'ai besoin de leur pain autant qu'eux du mien.
Ensemble, on vibre. Cette union interdite entre la vivante
et les morts sans fin ; communion interdite entre le mal et le bien.
Ce n'est pas l'homme vivant qui tue mon sommeil, perpetuellement..Ce
sont les âmes lourdes de ceux qui sont perdus entre le jour et la nuit, la rage et l'oubli.
Des âmes réelles, immortelles.
Les présences transparentes sont toujours à mes côtés.
Qui l'aurait dit ?
Un soir lointain on avait mis des bigoudis de petites
dames, et l'on avait appelé les esprits des larmes. Ils se sont vite présentés, et impossible de s'en débarrasser !
Je leur ai pourtant expliqué que ça deviendrait trop
compliqué.
Muets et calmes, ils dansaient en riant.
On a passé des nuits entières d'écriture automatique,
de musique classique, d'étoiles et d'éther.
Ils m'ont trouvé car javais laissé trop de portes ouvertes.
Trop d'étapes brûlées, d'arrêts non respectés.
Me voici arrivée.
Comprends-tu donc maintenant mon ami, que ma peur est
mordante bien plus que la durée du temps ?
Ce qui était lutte se transforme doucement en but.
Quand je suis avec eux je ne vois plus les petits yeux
aveuglés de cette minable société ? Ces agneaux chauves nourris de fausses peines, ces fourmies métallisées que le noir
a oublié ?
Ces grosses vaches puantes, leur lenteur, leur manque
de pudeur..
Ces marionnettes de viscose qui sassemblent et se ressemblent.
Ce ne sera jamais ma race,
je trace.
Hôpital.
Ravagé, l'oiseau a du mal à décoller.
Embarquement immédiat pour tous les volatiles qui n'ont
plus la force de s'envoler !
Porte numéro treize.
Si l'on ne peut pas se payer un psy, on traîne nos pattes
jusqu'à l'église, pour marmotter un oui, en mâchant de l'hostie.
On peut même acheter des cierges plastifiés qu'un con
éteindra aussi vite que l'on quitte l'église.
Que voulez-vous que je vous dise ?
Une petite bouteille d'eau bénie, je paie avec ma carte
bleue. Une bonne place aux cieux.
Je pense enfin de toucher le fond ; son seuil est
très profond.
Perte totale des notions du temps et de l'espace, tomber
dans un ennui de plus en plus vorace.
Je ne resterai pas assise en attendant que la mort vienne
frapper à ma porte.
Ma vie nest pas le congé d'une existence pausée.
Je voudrais consulter un aumônier qui ait déjà tué.
Lire dans ses pages l'absurde trace de son visage.
Il faut continuer.
On moleste la mollesse et conteste la paresse.
On peut bouger partout, on ne sera jamais chez nous.
Ames déchaînées qui n'osent pas appartenir.
Les secondes, les heures : c'est étonnant combien
le temps peut durer.
Quand on cherche les sources de l'incohérence, sans
vouloir les trouver.
Dans le couloir de l'hôpital, une petite vieille est
assise, immobile dans son fauteuil roulant.
Collée dans sa robe de chambre rose, elle joue avec
ses fausses dents. Son menton un peu poilu gigote en nous traitant tous de saugrenus.
Une autre vieille est allongée, sur un lit roulant en
métal.
Dans un coin bien rangée, elle me fait tellement de
peine que j'en oublie de pleurer pour mon petit genoux écorché. Elle me regarde, m'offre un sourire débile, ferme ses yeux,
expire.
Une grosse infirmière remonte le drap blanc sur le visage
mort.
Le docteur est prêt pour coudre ma chair déchirée.
Les point de suture furent agaçants, mais jamais autant
que les regards de ces vieilles aux visages déments.
J'avais neuf ans.
Il y a toujours une ambulance qui me suit, quand je
marche dans la nuit. Au cas ou'.
Parfois, sa sirène me dérange, me déconcerte.
Elle m'étonne, quand dans son ventre je m'assomme, à
coups de tête dans ses murs mobiles.
Je vois alors les visages déformes des infirmiers en
uniforme.
« On est là pour vous aider, mademoiselle ».
Ils m'injectent des petites piqûres, et pour finir cest
mon sang qui est pompé dans la seringue !
Je veux m'enfouir, m'évanouir.
Ce n'est pas ce qu'ils sont, qu'ils ont, qui m'angoisse.
C'est ce qu'ils n'ont pas, qu'ils ne sont pas.
Une fois rentrée à l'hôpital, je vois les autres patients
sourire et me saluer. Une fois sur la table dopération ligotée, je sens un bistouri couper mon coeur, un tube transparent
aspire le sang.
« On l'as perdue » soupire un docteur taré.
Je ne me réveillerais plus, mes organes seront un don,
pour sauver un autre con.
L'heure est venue de retourner dans la tombe ou j'ai
appris à me reposer.
Rester fidèle. Evidemment.
Valise
J'étais
morte, pendant un certain temps.
Plus de force ni d'envie, dedans.
Artère amorphe, faiblesse chronique, opinions
sarcastiques.
Plus envie d'aide ou d'aider, de conquérir
ou de céder.
Ni goût, ni allures délicates,
Ni promesses ni châtiment, ni d'envie,
dedans.
Pour un oui ou pour un non,
La mémoire d'un prénom
Espace tordu, mots périmés,
La porte, dà côté.
Les contraintes du métier,
Rochers qui entravent le sentier.
Le chevalier sans tête,
Dans la vallée ensommeillée..
Le monde est vaste, maman.
Foi.
Un couloir d'hôpital,
Li'nterdit frappe à la porte.
Deux hommes partent vers l'amphithéâtre :
Le religieux crie la perte de sa foi,
L'hérétique retrouve Dieu.
TOI.
J'ai ris de toi, de tes la bas
La porte claquée, tout ce fracas.
Jai ris de toi au coeur de moi,
Chemins séparés,
Lettres déchirées,
Restes calcinés,
Heures fatiguées,
J'ai ris de toi,
En voyant moi.
L'Ami
Morbide.
La vie était plus facile
Tempêtes dans la tête
En apnée, comme des petits diables débiles.
Pure luxe et petite mort
Je te parle quand tu dors.
Poésie devient gibier : danger.
On dansait dans le cimetière
Avant de manger chez nos mères
On crachait le vin de l'oubli
Sur les papas qui étaient partis.
Puis, l'on a vieilli.
Hors
Humain.
Maître de la détresse : alliez-vous mexpliquer
que l'hasard dirige nos pas déchirés ?
Homme tranché de l'humain, on se retrouve sur ce chemin.
Les balles qui sifflent sur nos têtes sont pour nous :
le saviez-vous ?
Dépistages d'abattoirs pour ne pas tomber dans la psychose,
le cri des vaches : l'entendez-vous ? Notre rage de paix : y croyez-vous ?
Tartempions, tartes post-techno, hibernation, courber
le dos.
Ames qui pokerisent les clones, clones qui tuent les
âmes.
Ou allons-nous ? Sous la couche polluée du ciel
qui couvre et crache sur nos pensées : y croyons-nous ? Face aux clowns en costard payés par dollars ?
Sommes-nous début ?
Tous les cancers de l'atome, les voyons-nous ?
Désobligeante comme les clochers, larme qui naît de
l'idée.
Foutus errants, dents de diamants, guerriers à la mémoire
ravagée.
Envie de tout déchirer.
Sur une page blanche, recommencer.
Roulette russe.
Je
me gave de vide cette nuit
Je m'annule en parlant aux esprits
La fin du savoir, du vide, de l'ennui,
L'envie de crier non aux oui !
N'y avait-il pas que le fou
Qui puisse dire la vérité au roi ?
La franchise ne s'étale-t-elle pas
Sur le bec mouillé des soûlards ?
La simplicité ne repose-t-elle pas
Dans les pupilles des enfants ?
Notre peur ne se cache-t-elle pas
Derrière les mots des égarés ?
Au silence qui en moi implose
Je lève mon chapeau
Libre et bien heureuse ;
Bien loin des troupeaux.
Donnez-moi
une île.
Superstar et ketchup à volonté, ze big boss tiendra
ses promesses contre dollars falsifiés !
Oyez surs et frères, et noyez : la roulette plastique
veut vous enivrer !
Le ciel se tait, trop de malaise, ni loi ni foi.
A quoi bon tâtonner le croyant quand l'on assassine
nimporte-le quel des passants ?
Louer un témoin, le plus on le paye le mieux il verra,
nest pas ?
Un oeuil travaille aussi bien que deux quand l'on est
peureux..
Réclamez et tout sera donné : capotes fluo,
jambons verts et cheques repas;
bonnes réponses aux mauvaises questions et vice-versa.
Du nazisme aux prêtres pédophiles, les culs-bénits sont
des bandits.
Regarde l'anorexique là-bas : le ventre vide plein
de café ! Et la boulimique, qui gerbe les gaufres qu'elle vient de bouffer, dans les chiottes du café.
Comme une croix mal placée, comme chacun pour soi vers
sa propre destinée, comme des genoux pliés sur terre mouillée. Des codes et des paroles d'ordre apprises par coeur, apprises
et jamais comprises.
Comme une ampoule grillée, un cri métallique.
On enterre des enfants sans savoir que leurs organes
sont en bocaux, ammenez-moi à la blue room de l'hosto, et puis..Porto !
Le skizo appelle le parano.Psy.
Contrainte de l'encre : oser songer tout en sachant
d'être loin de la nue vérité.
Prière à la confusion : permettre la fusion des
valeurs vers un but établi.
Divorcer une partie de soi, coudre mollement avec le
fil de l'émoi.
Aimer au point de ne pas parler, amadouer la page avant
de la mouiller.
Bramer, chuchoter, griffer.
Traîner lassement jusqu'au signal d'arrivée.
Eternel combat entre intellect et coeur : délicat.
Ecouter le vent. Etre force vivante.
Puiser en soi la source qui apaise la soif et, survivre.
Faut bien vouloir que parfois, les autres penser que
l'on est parti.
Pas pour de bon, pas comme des cons.
Partis avec le vent des vivants, dedans.
On est parti pour mieux revenir. Laisser que l'absence
dévore, quelle enfante le délire.
Passer une serpillière trempée d'eau de javel sur ce
foutu décor.
Le rictus s'endort : il faut chanter plus fort !
Pour devenir étoile, et veiller sur vous, les autres.
Le psy compte les minutes, cinquante dollars de l'heure,
pleine de bon ton et mauvaise foi.
Tomber dans le trou, devenir le trou.
Tu ma dit de ne pas lâcher, mais cest toi, qui a lâché.
Gratter, griffer, trouver la définition du mot bonheur
dans les couches de terre inodore.
Vivre par procuration l'histoire d'un autre, d'une autre
peur, qui ne soit pas la nôtre.
Après une gifle bien posée par la main de la vérité :
soit discret avec tes secrets !
Si la vieillesse n'est pas utile, à quoi bon son air
fragile ?
Ecchymose mauve lavée par larmes.
Plus aucun drame.
C'est écrit, là haut.
L'homme aux pompes ténèbres..
Toi l'homme du monde qui ne connaît point
de trêve,
Oui homme immonde qui des arbres a sucé
la sève
Une chose est certe dans cette école sans
vrais élèves :
Si tu veux quelque chose tu rêves ou tu
crèves.
Toi l'homme au décor répétitif qui cherche
un port
Oui homme sans adjectifs qui chuchote quand
je dors,
Je t'invoque et te supplie : apprends
le progrès
Pour que notre époque soit propice, tue
le regret.
Toi l'homme à l'allure cadavérique, pendu
en espace allégorique
Oui homme à la chevelure synthétique qui
orne ton crâne de mort,
Trouves en toi la rage théorique :
réagis contre le tueur et son public,
Cette force de frappe cachée à lépicentre
de ton épée.
Toi l'homme aux pompes ténèbres qui se
veut un peu funèbre
Oui homme qui roulait dans le foin, au
feu des champs lointains,
Creuse la mémoire qui vibrait entre tes
mains : la chanson de demain
Pour que je puisse t'offrir la trace du
chemin.
Toi l'homme des autoroutes éteintes qui
connaît toutes les feintes
Oui, homme qui déroute le fil des enceintes
pour y cogner ses craintes,
Conduit un fil au sein de ton espoir, pour
mieux y voir
Casse le reflêt narcissique du miroir :
si tu veux y croire.
Le
demi.
Il y a toutes sortes de bouches, dans le
bar à Omar,
Du petit matin bleu et gris jusquà très
tard le soir,
Les clients viennent barboter au bar de
« L'espoir »
L'important c'est d'y vider le sac et surtout :
d'y boire !
« Sers moi un demi ! » me
gueule la barbe d'Henri
à coté il y a Chacha le Chinois qui fait
pipi
de neuf à cent ans on y arrête bien le
temps
et Chek l'africain danse avec Manolo le
maçon latin.
En versant un monaco j'écrase un cafard
avec mon talon
Le siège des chiottes s'est cassé, il n'y
a jamais de papier
Travailler au bar d'Omar la nuit ça peut
être long
Cela passe avec Brel en juke-box qui chante
la chanson .
Quand l'heure des braves est annoncée par
un Omar fatigué
Les mains pleines de bière je regarde les
clients protester,
Le vendeur de roses indien m'offre les
fleures fânées de fin de soirée
Et les pochetrons aux milles faces, ne
font q'une splendide race.
Les Belges.
J'aime les belges et les rots de bière
Coudes fatigués sur bar mouillé
Dans une buvettes du coin, dans l'katjeer
Joske geule « Halley Jean c'est ta
tournée » !
T'es trop rava fieu, t'es trop bourrey
Race de rat va, sale enfoyrey
Marins du Nord, ou mémés paumées
Une pintje aide à se retrouver
Une gaufre ou un bon bouillon d'bulots
La foire du Midi aux lumières déchirées
J'aime les belges et leur moments ratés
Ces diables rouges excités
Une chance de s'être trouvés ?
Ça, j'peut l'gharantiir hey .
Ce soir, c’est le
cirque dans ma tête. Soleil qui tape. Carcasse qui se fracasse. Carapace qui part en couille, s’efface et s’écroule
dans un silence assourdissant. Un carrefour. Une vie qui glisse, le vide qui s’ouvre, et l’autre qui s’éclabousse.
Un choix. Pas de miracle à attendre. Depuis longtemps. Un conte de fée, un conte de fesses. Un fantôme
à combattre, un ersatz à abattre. Une muraille. Grande, de Chine, d’échine. Et en écho, le grondement solitaire des
secondes. Des mots, des maux, d’émaux émouvants, motifs mouvants et incertitudes latentes. L’attente. D’un mot
rassurant, d’une certitude, d’une piste. Sablée la piste ou l’équilibriste trébuche et s’effondre.
Le trapéziste est tombé. Bien bas…au trente-sixième dessous. Costume chiffonné. Papillon froissé au drapé déchiré. Il
hésite. Se relever et remonter dans les cintres? Sauter dans le vide à nouveau? Ou choisir le repli stratégique. Sinuer vers
les coulisses. La fuite facile, factice. La fracture qui tend les bras. La faille qui s’écarte, la fosse qui s’ouvre,
qui le mène vers un autre demain. Etincelle fugace? Mais qui s’échappe, happée sous la chappe. Chamboulée par l’écuyère
qui passe. Hue la bête, avance. Au grand galop… Alors que l’orchestre s’active. On est ici pour s’amuser.
Et rien ne compte sans la brillance, sans l’assurance. L’effet facile. Babillage habile.
Blabla débile. Pas de place pour la faiblesse. Celui qui est tombé, lui, reste dans le sable assis, regarde ses mains vides,
écorchées livides. Il se relève en tremblant et traverse la piste cendrée. Il s’échine sur l’échelle, sous les
spots la foule en liesse. Il grimpe. C’est haut, ça fait peur. En bas, le vide. Et tous ces spectateurs avides. De chute et de massacre. Il est
seul, une fois de plus. Figé sur sa plate-forme. Face au trapèze qui passe et repasse. Va-t-il sauter? Roulement de tambour…
suspense… le papillon s’avance, un pas de danse et il s’élance…
Altitude
4023 mètres. Nuage de craie. Crépuscule. Ailes brûlantes.
Je tombe…
Au sol, un fleuve se tord comme un arbre
foudroyé, s’étire. Sec.
Le suivre. Chercher la source. Trouver de l’eau.
J’erre. Perdu. Eperdu de peur.
Sueurs. Panique. 3.660 mètres.
Descendre. Cendres encore. 2.822 mètres.
Cogne le cœur.
Tam-tam tympan.
Soif.
Dans tout ce ciel, je ne suis
pas plus gros qu’une escarbille.
1.000 mètre et des poussières.
Dans l’œil. Je m’essouffle.
Tout à coup, coup de grisou.
Tentation dans la tête, lâcher tout.
Me laisser descendre en flammes.
Voler en éclats. M’éclabousser, m’étinceller entre soleil et sable.
Coup
de tonnerre. Tenir. Tenir.
Calmer les coups.
Piquer droit vers l’horizon. Altitude 647 mètres.
Piquer droit.
Cœur tambour.
Piquer pleine face. A terre un édifice.
Château? Hôtel? Paquebot?
Des tours et des poutrelles,
des mats, des passerelles.
Virage 147°ouest. Espoir. Espoir d’eau.
Château d’eau. Soif. Envie de lavoir.
De lavandière et de lavande, de grands linges ruisselants.
Rêve de lac, d’algues
alanguies.
Envie d’ombre et de fougères.
J’erre. Souffle coupé. Vol plané.
Altitude 196 mètres. Descendre encore. Voir plus près.
Scruter les toits,
les tours.
Ardoises ardentes. Gouttières chauffées à blanc.
Impossible de poser une aile.
Pas un éclat, pas un reflet, pas la moindre molécule d’eau.
Maudit château. Hôtel de sel. Bateau de sable. Un hôpital?
Vaisseau de poussière. Sec. Sec.
Abandonné sur le flanc,
l’île déserte d’une forêt.
Plus de force. Cassée la mécanique. Lâcher la manivelle.
Me laisser tomber
comme une cendre.
Descendre encore. En chute libre. En chute d’eau.
ETHIOPIA.
J'ai revu Benko hier soir dans la rue, il sortait du
tabac.
« Tu sais que le vieux salaud vend ses boites d'allumettes
gratuites à cinquante centimes ? » me demande t-il.
« Ouais, c'est un vieux déchet, ce type là »
« Ce sont les fournisseurs qui lui filent les allumettes !
Le père Gérard il me les donne gratos si je tombe en panne dans son café ! »
« Hé Benko. T'as l'air assez naze. » lui dis-je.
« J'y peux rien, ce sont les rêves. Ils ont recommencé. »
On trouve un banc à l'ombre, sur macadam, et il me dessine
son dernier songe.
« J'arrive devant la plus ancienne église d'Ethiopie.
J'ôte mes chaussons avant de m'insinuer à l'intérieur. Une femme pleure, assise toute seule, à gauche. Un serpent est enroulé
autour du crucifix, de sa fine bouche sort une langue bleue, bifurque.
Je m'approche des sanglots , et au moment ou je pose
ma main sur l'épaule de la femme, c'est le visage d'un homme qui soulève les yeux ; il a un oeuil noir et l'autre bleu
clair, gélatineux.
Je sors donc de l'église.
Je marche et je fonds dans le désert . Un sacrifice
a lieu, la vache sacrée est égorgée. Une vieille folle secoue un collier de pierres et de coquillage histeriquement. Elle
s'approche de moi en hurlant une langue inconnue. Je ressens un malaise profond, une espèce de malédiction.
Je me souviens que le baobab était sec et mort. Accrochés
aux branches toutes sortes de gris-gris.
Des toiles d'araignée, un oiseau qui chantait son siècle
de vie.
Je m'en fuis du sacrifice, et vois que la vieille démente
a les mêmes yeux que l'homme dans léglise, un noir et un bleu clair.
Adis Abeba. Cônes d'épices jaunes comme le soleil et
rouge rouillé.
Une ville de rues sans noms, la seule boussole sont
les églises. Le temps feringi, treize mois dans l'année. Trois enfants pickpocket, les vieux lisent le coran en mâchant de
la kat.
Et puis : je me réveille »